Binage « Notre ETA bine aujourd’hui 600 ha par an »
Une désherbineuse en alternative au tout chimique pour l'ETA Lemallier
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En s’équipant d’une désherbineuse, l’entrepreneur de travaux agricoles Sébastien Lemallier a anticipé un besoin d'alternative au traitement chimique dans le cadre de la lutte contre les adventices. Si l'on considère la croissance de cette nouvelle activité, l’initiative a visiblement porté ses fruits.
En cette fin mai, la croissance du maïs a pris du retard dans certaines parcelles de l’Orne. Les plantules lèvent tout juste. De fait, l’entrepreneur de travaux agricoles Sébastien Lemallier est contraint de retarder la première intervention de désherbinage dans les champs de ses clients agriculteurs. Ce prestataire dirige avec son père, Philippe, la SARL Lemallier, dont le siège se trouve à Trun (Orne), en bordure du pays d’Auge et de la plaine de Caen. Pourtant peu familier des traitements phytosanitaires, il a ajouté récemment la destruction des adventices à son offre de services. Les dirigeants ont en effet acquis en 2016 une désherbineuse Econet SGI à huit rangs du constructeur Carré.« Avant de nous lancer, nous avons sondé une partie de notre clientèle, se souvient Sébastien Lemallier. L’évolution qu’enregistre chaque année cette activité laisse penser que notre choix a été le bon : de 250 ha initialement, les surfaces travaillées sont passées à 350 ha en 2017, pour atteindre 600 ha la saison dernière. » Cette progression s’explique, entre autres, par la multiplication récente des terres cultivées selon un mode de production biologique, dont la proportion représente aujourd’hui un tiers des surfaces binées par l’entreprise.« Au départ, nous voulions proposer cette prestation à la fois sur betterave et maïs, mais le passage d’une configuration à l’autre exige trop de travail de préparation de l’outil. » L’annonce de la fermeture en 2020 de la sucrerie Saint-Louis de Cagny (Calvados) a fini de doucher les espoirs de débouchés multiples pour cet outil. La prestation aura donc lieu exclusivement sur maïs, en un ou deux passages.
Le désherbage combiné reste marginal
L’outil, modulable de quatre à huit rangs selon la largeur de semis, se compose de plusieurs éléments, formés chacun de cinq dents à socs cœur travaillant l’interrang sur une profondeur de 5 à 10 cm. « Par temps sec, la circulation dans les passages de roues du semis générait un binage imparfait de ces interrangs-là. Pour y remédier, nous avons depuis installé des dents plus grandes. » Sur le côté, deux disques, de 300 mm de diamètre, protègent le rang d’un recouvrement. Le travail est complété, à l’arrière, par des peignes remontant les racines des adventices de l’interrang. Le châssis embarque le système de pulvérisation optionnel, comprenant une cuve principale de 800 L de capacité et une petite cuve de rinçage. La désherbineuse compte deux circuits de pulvérisation différents, l’un dédié à l’application de fertilisant liquide, l’autre servant au désherbage localisé du rang. La pulvérisation est régulée à l’aide d’un DPA (débit proportionnel à l'avancement) intégré. « Nous avons choisi ce matériel pour des raisons de souplesse vis-à-vis des demandes de la clientèle. » Au final, l’entrepreneur n’a désherbé chimiquement sur le rang qu’une vingtaine d’hectares l’an passé. Quant à la fertilisation à l’azote liquide, seules 10 % des surfaces qu’il bine sont concernées.
De 20 à 60 ha/jour
La désherbineuse, d’une masse totale de 3,5 t, est attelée à un tracteur de 150 ch lesté de 2,8 t de masses avant. Sébastien Lemallier assure lui-même le binage de 80 % des surfaces en prestation. Mener cet outil requiert de l’attention et du calme pour rester dans le rang : la marge d’erreur de trajectoire ne dépasse pas une vingtaine de centimètres de chaque côté.« Au plus fort de la saison, il nous arrive de biner durant 18 à 20 h/j. La vitesse de travail dépend de la qualité de semis et oscille de 6-8 km/h à 12 km/h. Tant que le maïs n’a pas atteint le stade quatre feuilles, un guidage laser sur le rang assiste le chauffeur. Au-delà, des palpeurs mécaniques prennent le relais. Nous ne proposons pas de semis en prestation et, dans le secteur, peu d’agriculteurs sèment à l’aide d’un système de guidage. L’outil accepte entre 15 et 80 cm maximum d’écart entre deux passages de semoir, et de 60 à 85 cm de largeur d’interrang. » Pour pallier les imprécisions d’écartement, l’entrepreneur n’a d’autre choix que d’adapter sa largeur de travail à celle utilisée lors du semis. Le débit de chantier s’élève ainsi à 20 ha/j dans une configuration à quatre rangs mais peut atteindre 60 ha/j en mode huit rangs dans les belles parcelles.« Compte tenu du coût d’acquisition d’environ 40 000 € pour cet outil, nos prix s’établissent aujourd’hui à 39 €/ha en 8 rangs, 42 €/ha en 6 rangs et 47 €/ha en 4 rangs. Nous allons cependant indexer ces tarifs sur le prix du carburant. Au-delà de 200 à 250 ha/an, nous rentrons dans nos frais. » Aujourd’hui, l’entrepreneur opère dans un rayon de 25 km avec sa désherbineuse, et de nouveaux clients le sollicitent régulièrement pour ce type d'intervention. Pari gagné !
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